La chambre de la chance

La curiosité avait fini par manger Evelyn dans son entièreté. Elle avait enfin mis les pieds dans cette pension et ses pas faisaient craquer les planches de l'entrée, donnant un écho sinistre dans le hall désespérément vide. Elle garda le silence, préférant ne pas se faire remarquer. Après tout, s'il y a vraiment des esprits malfaisants autant ne pas faire de bruit.

Elle détaillait donc le hall, plantée au milieu avec sa seul respiration comme compagnie. Et le couloir attira son attention. La jeune femme s'y aventura et regarda les portes qui s'offraient à elle. Il y en avait tellement. Elle en choisir une première et entra, découvrant une salle vide. Un lit dont il ne restait que les armatures et une couverture rongée par les mites et l'humidité traînait à côté, sur le sol. Malgré son léger dégoût, Evelyn se dit qu'elle pourrait mettre son QG ici au besoin. Elle avança et étendit la couverture, satisfaite. C'était une jolie trouvaille.

Cependant elle se détourna de son premier trésor pour sortir, se disant qu'elle allait fouiller autre part. Elle quitta la chambre et se dirigea vers une chambre voisine lorsqu'elle se dit qu'elle devrait plutôt déplacer la couverture avec elle. Mais en revenant, surprise : la pièce était vide maintenant et une chaise trônait au milieu de la pièce. La jeune femme fronça les sourcils et fit le tour de la chambre, cherchant la base du problème. C'était pourtant la bonne chambre ! Son butin si précieux ne peut pas disparaître ainsi !

Il faut qu'elle se calme. Beatrice arpente le rez-de-chaussée depuis plusieurs jours, ou peut-être seulement quelques heures. Le soleil dehors a disparu. Elle a perdu la notion du temps, ou tout simplement la tête. Peut-être est-elle toujours dans la cour de la pension et que la chaleur l'aura assommé. William se tenant au-dessus d'elle et essayant de capter du réseau pour appeler les secours.

Mais tout autour d'elle a l'air si réel. Il faut qu'elle se focalise sur ce qu'elle sait. Will' a disparu, ils se sont séparés à peine rentrés. Et depuis, elle a beau crier son nom, il ne lui a pas répondu. Pourtant elle n'est pas seule ici. Des cris percent parfois le silence, mais elle n'a croisé personne jusqu'à maintenant. Parfois, il lui semble que les ombres bougent toutes seules, mais cela doit être son imagination qui lui joue des tours.

Il n'y a personne et elle a l'impression d'avoir tourné dans tous les sens et ouvert toutes les portes qu'elle pouvait. Trice décide de revenir sur ses pas. William est forcément au rez-de-chaussée. Avec un peu de chance il reviendra lui aussi vers le hall d'entrée puisqu'ils se sont séparés là-bas. Ça ne coûte rien d'essayer. Du bout du couloir, elle distingue une ombre qui entre dans l'une des premières pièces.

Méfiante, Trice a peur de tomber sur la chose qui provoque les cris à travers la pension, pourtant elle continue d'avancer, il faut qu'elle retrouve son frère ! L'ombre ressort un instant de la pièce et Trice arrive à distinguer la silhouette d'une jeune femme. Enfin une personne ! Elle accélère légèrement le pas et arrive devant la pièce. Elle n'entre pas, préférant garder ses distances :

- Vous êtes bien réel ?

Sa question la surprend elle-même, mais elle a toujours l'impression d'être dans un rêve et elle a besoin d'entendre la personne en face d'elle lui dire qu'elle existe. Mais si elle était dans son rêve, ce n'était peut-être qu'une projection de son subconscient pour lui faire croire qu'elle ne rêvait pas...

» Les monolithes de la chambre jaune